Les filtres UV sont-ils dangereux ?


Les controverses au sujet des filtres chimiques


Le risque de dermatites et de réactions allergiques
Certains filtres solaires chimiques (organiques) peuvent malheureusement être irritants pour la peau et provoquer des allergies. C’est notamment le cas de l’oxybenzone, de l’avobenzone, de l’enzacamène ou encore des benzophénones. D’ailleurs, une analyse rétrospective sur dix ans a révélé que près de 70,2% des patients ayant réalisés des « patch test » avec des filtres UV entre 2001 et 2010 ont eu des réactions positives à l’oxybenzone. Donc si vous avez une peau sensible ou facilement allergique, je vous conseille d’éviter l’oxybenzone et les benzophénones en tant que filtre UV. D’ailleurs, concernant la benzophénone-3, sachez qu’en Europe, le fabricant est obligé de mentionner sur le packaging de son produit qu’il contient de la benzophénone-3 si sa concentration est supérieure à 0,5%. Sinon les derniers écrans solaires qui ont été autorisés par la réglementation européenne comme par exemple le Tinosorb S et M sont bien différents de leurs ainés et le risque d’allergies est relativement faible. En même temps, ils ont spécifiquement été conçu pour résoudre les problèmes des anciens filtres solaires. Il suffit de regarder la taille de leur molécule qui sont beaucoup plus grandes, ces nouveaux filtres UV vont donc difficilement pénétrer dans la peau ce qui diminue le risque d’allergies et d’irritations.
Mais si vous avez une peau particulièrement sensible et/ou souffrant de problème de type rosacée et affections cutanées similaires, vous pouvez toujours utiliser les filtres minéraux. Le dioxyde de titane et l’oxyde de zinc conviennent en effet parfaitement aux peaux sensibles.
Le risque de présence dans le sang
Une étude réalisée aux États Unis en 2019 a mis en évidence que les écrans solaires chimiques suivants : avobenzone, ecamsule, octorylene, et oxybenzone étaient absorbés dans le système sanguin chez l’Homme après en avoir retrouvé dans le sang et les urines de volontaires. Vous connaissez certainement la suite, les médias se sont emparés de l’affaire créant un état de panique alors que cette étude ne permettait pas de les remettre en cause. Par ailleurs, cela faisait déjà plus de 15 ans que l’on savait que certains filtres UV étaient présents dans les urines chez l’homme. Du coup, les mêmes chercheurs ont réalisé par la suite une seconde étude qui est tout juste sortie en début 2020 dans laquelle ils étudient cette fois ci toujours l’avobenzone, l’octorylene, et l’oxybenzone avec en plus l’homosalate, l’octisalate et l’octinoxate. Dans cette étude on apprend que les 6 filtres sont bien absorbés dans le sang et ce dès la première application de la crème solaire. Mais attention, les chercheurs ne remettent toujours pas en cause leur utilisation en tant que filtre UV en cosmétique. L’étude a juste mis en évidence que la concentration de ces filtres solaires dans le sang étaient supérieures au seuil fixé par la FDA qui est de 0,5g/kg à partir duquel d’autres études complémentaires doivent être établies. En d’autres termes, cela signifie que quand un filtre solaire est présent dans le sang à une concentration inférieur à ce seuil il est considéré comme sûr alors que si celui-ci est présent à plus de 0,5g/kg, des études supplémentaires doivent être effectuées pour s’assurer de son innocuité. Voilà les vraies conclusions de l’étude: l’absorption d’un filtre UV dans le sang ne signifie pas qu’il est dangereux mais que des études supplémentaires doivent être effectuées pour affirmer ou infirmer de son innocuité. Par ailleurs, sachez que la pénétration et l’absorption des filtres UV ont toujours été prises en compte dans l’évaluation des filtres solaires, et de tout autre ingrédient par la réglementation européenne.


Le risque de perturbations endocriniennes
De nombreux filtres UV chimiques sont aujourd’hui accusés d’être des perturbateurs endocriniens. Un perturbateur endocrinien c’est un composé qui est susceptible d’induire une perturbation dans notre système endocrinien (testicules, ovaires, pancréas, thyroïde, hypothalamus et glande surrénale) c’est-à-dire de bouleverser notre équilibre hormonal et de provoquer des anomalies. Parmi tous les filtres accusés (enzacamène, homosalate, octinoxate, octorylène, benzophénones et les dérivés du PABA) celui qui présente le risque le plus élevé d’être un perturbateur c’est l’oxybenzone qui est donc de la famille des benzophénones. On va donc s’intéresser principalement aux études qui ont été réalisées à son sujet. Ces effets de perturbateur endocrinien ont été montré lors d’études in vitro c’est-à-dire sur des cultures cellulaires au laboratoire ainsi que lors d’études in vivo réalisées sur des rats. Premièrement, il est tout de même important de rappeler qu’il y a une grande différence entre des études in vitro et la réalité ainsi qu’entre le rat et l’homme. On ne peut donc pas conclure que l’oxybenzone est un perturbateur endocrinien, c’est d’ailleurs pour cette raison que beaucoup d’ingrédients restent sous l’étiquette «suspecté d’être un perturbateur endocrinien ». De plus, si on regarde les doses d’oxybenzone qui ont été administrées aux rats, celles-ci sont supérieures à 1500 mg/kg/j ce qui représente des doses très élevées et largement supérieures à ce qui est autorisé et utilisé chez l’homme. D’ailleurs, une modélisation mathématique a indiqué qu’il faudrait 277 ans d’application quotidienne d’un écran solaire contenant 6% d’oxybenzone utilisé à 2 mg/cm2 (dose recommandée pour les tests du facteur de protection solaire SPF) pour atteindre les niveaux systémiques d’oxybenzone retrouvés chez le rat. Pour finir, ce filtre est l’un des plus utilisé depuis plus de 40 ans sans avoir eu aucun effet secondaire ostrogénique.
En conclusion, si l’oxybenzone est celui qui présente le plus de risque en tant que perturbateur endocrinien mais que les études sur ce filtre UV indiquent qu’il ne représente pas de danger aux concentrations auxquelles il est autorisé, il y a donc fort à parier qu’il en soit de même pour les autres filtres accusés. Ceci dit il est tout à fait normal que vous remettiez les données en question, c’est pourquoi vous retrouverez dans l’annexe répertoriant tous les filtres, l’ensemble des filtres suspectés d’être perturbateur endocrinien afin que vous puissiez faire votre propre choix. Vous avez même la possibilité de regarder les résultats vous-mêmes à travers les études listées en bibliographie.


Les controverses au sujet des filtres physiques


Le cas des nanoparticules :


Pour contrer le phénomène de traces blanches pour les filtres minéraux, les fabricants utilisent désormais des nanoparticules. Le problème des nanoparticules c’est que vu que les particules sont plus petites, elles peuvent donc théoriquement mieux pénétrer dans la peau et surtout plus profondément et potentiellement avoir un risque de perturbation endocrinienne. Mais selon quelques études, les nanoparticules d’oxyde de zinc et de dioxide de titane ne semblent pas pénétrer plus loin que la couche cornée qui est la première couche de l’épiderme. Du coup, comme leur pénétration a lieu uniquement dans l’épiderme, cela suggère que la probabilité que ces nanoparticules provoquent une toxicité ou une pathologie dans les organes et les tissus internes est très faible. Néanmoins, une nouvelle étude est venue contredire cela en affirmant que des nanoparticules d’oxyde de zinc et de dioxide de titane ont été retrouvées dans les urines chez l’homme. Cependant, la pénétration des nanoparticules dans la peau pourrait bien dépendre de différents facteurs comme la formulation du produit. En effet, dans cette étude, le produit solaire utilisé contenait des agents facilitant l’absorption d’autres composés comme du myristate d’isopropyle qui est un émollient ainsi que de l’EDTA qui est un agent chélatant très efficace pour le zinc. Du coup, à l’heure actuelle la majorité des scientifiques assurent que les risques sont mineurs et sont largement compensés par les avantages de ces écrans solaires contre les dommages cutanés et surtout le cancer de la peau.
Les dernières controverses concernant les deux familles de filtres


Les filtres UV accusés d’être dangereux pour l’écosystème marin


Les filtres solaires sont également accusés de blanchir les coraux. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’oxybenzone et l’octinoxate sont actuellement interdits à Hawaii. L’enzacamene et l’oxyde de zinc sont également suspectés d’être dangereux à l’écosystème marin. Le problème encore une fois c’est que les études s’enchainent mais se contredisent. Du coup à l’heure actuelle, on ne connait pas réellement l’impact des crèmes solaires sur les coraux. Ceci dit avant de pointer du doigt les crèmes solaires, il y a quand même fort à parier qu’elles ne sont pas la cause numéro 1 et que le blanchiment des coraux serait principalement dû à d’autres causes humaines comme par exemple les changements de température dans l’eau (généralement en raison du changement climatique), l’acidification des océans et la présence de polluants comme par exemple les herbicides et les nutriments issus de l’agriculture ou encore les marées noires. Cependant si l’écologie marine est une de vos préoccupations, le meilleur moyen de protéger les coraux est la protection vestimentaire ! Ne vous fiez pas aux crèmes solaires indiquant être sûres pour les coraux, c’est un mensonge. Généralement cette mention signifie juste qu’il n’y a pas d’oxybenzone et d’octinoxate dans votre produit mais tant que des études poussées n’ont pas été faites sur l’ensemble des ingrédients présents, les fabricants n’ont aucun moyen de prouver que leur crème n’est pas dangereuse pour les coraux.


La dégradation des filtres


Pour finir avec les controverses, les filtres chimiques et physiques sont accusés de se dégrader après une forte exposition aux UV. Leur dégradation entrainerait par la suite la formation de radicaux libres. Autrement dit cela voudrait dire que pour vous protéger des rayons UV et donc des radicaux libres, vous appliquez une crème solaire mais que celle-ci suite à une forte exposition aux UV va créer à son tour des radicaux libres. Il y a des choses qui me surprendront toujours dans ce monde mais figurez-vous que c’est en partie vrai ! Ce phénomène peut avoir lieu aussi bien pour les filtres physiques que chimiques. Cependant concernant les filtres physiques, ceux si sont recouvert d’un revêtement chimique comme je vous le disais plus haut afin d’éviter les effets néfastes des réactions de dégradation des filtres. Le revêtement permet en effet d’isoler complémentent les particules pour que les interactions avec la peau soient minimisées. Concernant les filtres chimiques, les études in vitro ont effectivement montré que certains filtres se dégradent et forment des radicaux libres suite à une exposition aux UV. C’est notamment le cas de l’oxybenzone, de l’avobenzone et de l’octinoxate. Cependant, l’avobenzene est généralement toujours associé à d’autres filtres solaires comme l’octorylène pour le stabiliser. Par contre lorsqu’il est associé à l’octinoxate, l’avobenzone se dégrade encore plus facilement donc évitez les produits avec cette association.
Attention, je souhaite tout de même préciser que même s’il y a un risque de formation de radicaux libres, cela se produirait uniquement dans le film solaire à la surface de votre peau ou dans les couches mortes supérieures de votre peau. Nombreuses sont les études sur l’homme montrant que les écrans solaires réduiraient le vieillissement cutané et non l’inverse.
En conclusion, je comprends tout à fait que ces données puissent faire peur à certaines personnes, c’est pourquoi vous trouverez toutes les controverses sur chaque filtre dans l’annexe afin que vous puissiez faire librement votre choix. Je suis également là pour vous aider donc dans la prochaine partie, je vais vous présenter mes meilleures crèmes solaires qui contiennent pour beaucoup les nouveaux filtres organiques créés pour ne pas être absorbés par la peau et pour être stable face aux UV. Et vous retrouverez également des crèmes solaires ayant des filtres minéraux.